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Publié le par Section de Cannes

Et si la Toile faisait pencher la balance ?

Internet . Le Net véhicule un véritable brassage d’idées, au point de laisser penser qu’il pourrait constituer un facteur déterminant dans la campagne présidentielle.

« Il faut absolument que vous lisiez un texte capital sur la constitution, enjoignait un participant à la rencontre européenne pour le "non" coorganisée par la Fondation Copernic et Espaces Marx. Son auteur s’appelle Chouard, Étienne Chouard. » Cela se passait en avril 2005. Après qu’un inconnu, professeur de droit, d’économie et d’informatique d’un lycée de Marseille, eut mis sur son site Web un document d’environ treize pages pour aider les - citoyens à comprendre la constitution européenne.

Vingt-huit millions d’internautes.

Rédigé de manière lisible, le document mettait en avant le caractère antidémocratique de ce projet. Une déferlante de citoyens s’est connectée sur son site pour analyser ce texte. À raison de 30 000 visites par jour la consultation a dépassé, en très peu de temps, le million de visiteurs. Depuis, la Toile s’est fortifiée et la technologie s’est ouverte à un plus grand nombre de personnes. Comptant aujourd’hui plus de vingt-huit millions d’internautes, la France fait partie du peloton de tête. L’utilisation des outils technologiques, - alliée à la démocratisation du haut débit et au début du très haut débit, laisse présager un Web en passe de devenir un média de masse.

Près de 60 % des Français interprètent ces multiples développements (Web 2.0, Web 3.0, débats en ligne, blogs...) comme un enjeu sur lequel il faudra compter pour l’élection présidentielle de 2007. La « Netpolitique » s’installe dans le paysage médiatique et marque de son empreinte la scène - politique. Dans la foulée - d’Étienne Chouard, la campagne référendaire a vu naître une multitude de sites. Depuis, à propos de chaque événement mettant en relation la politique, les institutions et les citoyens, la tendance srenforcée. La crise du CPE ou encore les événements des banlieues ont poussé les partis politiques à miser sur Internet, dans lequel ils voient un moyen de communication directe.

Redéfinir le débat démocratique ?

Lors d’un débat public qui s’est tenu au Théâtre du Rond-Point à Paris en octobre 2006, à l’initiative du journal le Monde, Gérard Courtois, - directeur des rédactions du quotidien posait la question de savoir si « le Net allait remodeler le débat - démocratique français ». Les réponses sont loin d’être précises, tant sont nombreuses les divergences. Directeur du département politique et opinion de TNS-Sofres, Brice Teinturier estime que « le Web n’a pas créé l’autonomie croissante des individus vis-à-vis des experts, des institutions et des hommes politiques, mais l’a amplifié par sa capacité à diffuser rapidement des opinions de citoyens ». Pour la - déléguée générale du Forum des droits sur Internet, Isabelle Falque-Pierrotin, « grâce au Net, chacun peut s’exprimer, et les partis peuvent mobiliser leurs partisans ». Mais, rajoute-t-elle, « à ce jour, la Toile n’est pas le lieu du débat public ». Selon Isabelle Falque-Pierrotin, « les tendances mises en avant par Internet ne tiennent pas lieu de consultation publique ».

S’ouvrant de plus en plus sur Internet, les partis ou personnalités politiques renforcent aujourd’hui leur présence en jouant avec tout le panel d’outils disponibles. Les sites officiels des candidats sont pris de frénésie. Ils deviennent des noyaux autour desquels gravitent de multiples autres pages Web dont la mise à jour se fait de façon autonome : sites de candidats, de sympathisants, d’élus, de présentations de programmes, d’e-militantisme. Il y a aussi les blogs, personnels ou communautaires, les vidéos de réunions publiques, les modules d’adhésions en lignes, sans oublier les Web-TV. Les partis ou les candidats disposent ainsi d’une galaxie composée de centaines, voire de milliers de sites. Une autre particularité de cette « Net campagne » sort du lot : l’utilisation par l’UMP du rachat de mots clés qui, tapés dans un champ de recherche, proposent des liens vers l’UMP. De même, la constatation a été faite que beaucoup de bloggeurs étaient accrédités auprès des universités d’été des partis politiques, dans le but de générer du buzz (bruit en cyberlangage) sur le réseau. Des opérations qui n’ont d’autre finalité que de rabattre les internautes vers des sites choisis pour les fidéliser. Et par la suite influencer leur vote.

Amener les jeunes à la politique.

Début octobre 2005, le PDG de Google, Éric Schmidt, annonçait que « d’ici cinq ans, des outils de mesure de performance politique seraient mis à la disposition des internautes ». Pour le patron de Google, « Internet joue déjà un rôle dans le - financement de campagne des partis politiques, sans pour autant influencer les élections majeures ». Mais, selon lui, « ce sera bientôt le cas ». Pour Cyril Fiévet, journaliste, bloggeur et auteur, le peu de blogs à caractère politique existant en France sont ceux des élus, des partis, des militants ou d’observateur de la vie publique. Ce qui ne l’empêche pas de croire que le phénomène blog peut attirer à la - politique ceux qui ne s’y intéressent pas. « Surtout les jeunes, explique-t-il. Car ainsi la politique vient à eux, ils n’ont pas beaucoup d’efforts à faire. » Ce qui ressort du buzz de la « Netpolitique », c’est que même faible, Internet aura une incidence certaine sur la présidentielle de 2007. Et, plus loin encore, sur l’ensemble de la vie démocratique française.

Fernand Nouvet (Humanité)

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