Le mensonge comme gouvernance d'état!
Mensonges sur La Poste
D’après le gouvernement, les agents de La Poste n’ont aucune raison de s’inquiéter. Un discours osé, vu le contexte chez les « cousins » de France Télécom.
Les postiers qui écoutaient France Inter la semaine dernière, au lendemain de la journée nationale de grève du 22 septembre contre la privatisation, ont dû s’étrangler à plusieurs reprises. D’abord parce qu’au micro, « leur » ministre Christian Estrosi (chargé de l’Industrie), a qualifié la grève de « mobilisation très faible et très peu significative ». Selon des modalités de calcul différentes, les syndicats affichaient entre 30 et 40 % de grévistes, la direction, 22 %. Mais même en prenant le chiffre minoré de 22 %, cela représente 60 000 grévistes.
Magnanime, M. Estrosi a malgré tout exprimé son « respect » pour ces irréductibles inquiets. « Mon devoir, c’est de parler avec eux, de les rassurer, de les convaincre », a-t-il ajouté, paternaliste. « Je veux leur faire mesurer que cette réforme conserve à 100 % le statut public de l’entreprise et surtout protège leur statut », explique-t-il. « Notamment leur régime de retraite, puisqu’ils continueront à être affiliés à l’IRCANTEC, le régime dont bénéficient tous les fonctionnaires de la fonction publique ». Là, nouvel étranglement : les 130 000 postiers fonctionnaires (50 % de l’effectif) sont affiliés à la retraite de la fonction publique. Rien à voir avec l’IRCANTEC, qui est le régime de retraite complémentaire des salariés non titulaires du secteur public. M. Estrosi a donc parlé aux fonctionnaires comme s’ils étaient des contractuels !
La promesse d’une « sanctuarisation » du statut est vaine. Les agents de France Télécom en savent quelque chose : en 1996, le gouvernement Juppé leur avait garanti le maintien de leur statut, ce qui n’a pas empêché une transformation radicale de leurs conditions de travail. Officiellement, ils sont restés « fonctionnaires d’État », mais les règles de mutation, d’avancement à l’ancienneté, caractéristiques (à l’époque) de la fonction publique, ont laissé la place aux mobilités forcées et à l’individualisation. Le tournant s’est surtout manifesté par la saignée dans l’emploi exigée par la recherche de rentabilité : France Télécom s’est « séparée » de 70 000 fonctionnaires, par départs « volontaires » en préretraite.
Rien à voir avec La Poste ? D’après Christian Estrosi, La Poste « ne supprime pas d’emplois », elle « recrute, elle a recruté 6 000 personnes l’année dernière ». En 2008, d’après le très officiel bilan social de La Poste, il y a eu 8 238 embauches, mais 15 000 départs, soit un solde de 7 700 suppressions d’emplois, après 10 000 suppressions en 2007 et 14 000 en 2006. Depuis 2004, à coups de « réorganisations » du travail des facteurs (plan Facteur d’avenir), du tri (plan Cap qualité courrier), des guichets (plans Terrain et Bienvenue), La Poste a supprimé au moins 40 000 emplois par non-remplacement de départs en retraite.
Humanité du 1/10