EADS : magouilles and Co

Publié le par Section de Cannes

Breton n’aurait rien su, rien vu (L'Humanité quotidienne)

EADS . L’ex-ministre de l’Économie et des Finances est venu s’expliquer devant les sénateurs sur le rôle de l’État lors du désengagement de Lagardère et Daimler de l’avionneur européen.

Il est venu… mais n’a rien vu, rien su.  hier, Thierry Breton avait perdu la morgue du temps de sa présence au gouvernement. Sagement assis avec ses anciens collaborateurs face aux parlementaires, il a expliqué son rôle au moment de la cession des actions de Lagardère, soupçonné de délit d’initiés. Un rôle « irréprochable » mais étonnamment passif, à l’en croire. S’indignant de « la façon choquante dont on a traité l’État », il a indiqué n’avoir été mis au courant des problèmes de l’A380 que la veille de leur annonce publique, le 13 juin 2006, qui a entraîné la chute de l’action. Lorsqu’en novembre 2005 Lagardère et Daimler lui ont annoncé leur intention de reconsidérer leur participation dans EADS, il a fait part de sa « très grande réserve ». Rien de plus. Pour justifier cette inertie, Thierry Breton a rappelé que le pacte d’actionnaires signé avec les Allemands par ses prédécesseurs socialistes interdit à l’État toute intervention dans la gestion d’EADS, où il dispose pourtant de 15 %. Ses intérêts sont regroupés dans « une société-écran » (sic), la Sogeade, holding d’actionnaires. Si l’État n’a pas préempté les titres cédés par Lagardère, ni même demandé des explications sur ce changement brutal de stratégie, c’est parce que cela n’était pas dans ses attributions, a expliqué en substance l’ancien ministre, invoquant à plusieurs reprises les « contraintes » du pacte d’actionnaires.

Quant au rôle de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui a racheté à Lagardère pour 600 millions d’euros de titres, Thierry Breton a regretté son intervention, mais indiqué que celle-ci était indépendante de son ministère et que Francis Mayer, l’ancien directeur général de la CDC (décédé depuis), ne l’avait pas informé de sa décision. « Nous voudrions quand même nous assurer que l’on n’a pas ainsi nationalisé les pertes après avoir privatisé les gains », s’est enquis le rapporteur général de la commission, Philippe Marini (UMP).

Plus embarrassante, une note, remise aux sénateurs, de l’Agence des participations de l’État (APE), chargée de leur valorisation, mentionne des « bruits risquant de peser sur les cours du titre » EADS et recommande un désengagement de l’État. Son directeur général, Bruno Bézard, a récusé les accusations portées contre l’APE, qualifiées de « diffamatoires ». « À aucun moment, la note ne fait état de difficultés sur le programme A380 », a-t-il plaidé. « Nous n’avons cédé aucune action », s’est justifié de son côté l’ex-ministre.

Au-delà de l’incroyable incompétence plaidée par le gouvernement Villepin-Sarkozy-Breton, reste la désinvolture de l’État vis-à-vis de l’outil industriel qui se trouve derrière le holding d’actionnaires, au point de ne pas s’inquiéter en conseil d’administration de la Sogeade des raisons du désengagement de ses partenaires. « Pourquoi ne pas être plus attentif à la situation de ces grandes entreprises stratégiques ? Pourquoi ne pas traquer les fraudeurs de la finance ? » a demandé Thierry Foucaud (PCF). « Comment a-t-il été possible de ne pas entendre les alertes sur les dysfonctionnements dans l’entreprise ? » a demandé Marie-France Beaufils (PCF). « Comment est-on arrivé à un tel décalage entre l’entreprise et le CA ? » lui a fait écho Jean Arthuis. Sur tous ces points, les sénateurs sont restés sur leur faim, Thierry Breton se bornant à déclarer qu’il n’avait « pas à instruire la décision des actionnaires ». Devant « l’imbrication entre le monde de la finance et les pouvoirs publics », démontrée par l’audition, les sénateurs communistes réclament la création d’une commission d’enquête parlementaire.

Depuis longtemps déjà les communistes, dans leur programme, soulignent la nécessité de donner un rôle de contrôle et d'interventions des salariés plus important au travers des Comités d'Entreprises, des Comités Centraux d'Entreprises et des Conseils d'Administration. Mais les "intérets patronaux" ... et d'Etat (on voit lesquels pour EADS...mais EADS n'est pas seul concerné!) exigent de magouiller du coté obscur de la politique...à l'abri des regards indiscrets! 

Alors, le nettoyeur au carcher des banlieues va-t-il agir et réagir en étendant "légalement" le contrôle des salariés, qui sont, eux, motivés par la défense de l'outil de travail et le développement économique et social de la France.

Contrairement à ses habitudes, M. Sarkosy ne monopolise pas les médias....sur le sujet!

Publié dans cannespcf

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